Trêve estivale

Ce matin, devant ma page blanche, je cherchais une idée pour tenter de vous faire sourire une dernière fois avant la trêve estivale. De quoi vous causer dans cette Petite Chronique du Vendredi 4 juillet ?

La manière dont Mini CEO jettera ce soir son cartable sous l’escalier pour l’oublier jusqu’en septembre ? Classique…

Ce que je pense de ce barbarisme : « être en capacité de » entendu déjà 4 fois depuis le lever ? Il fait trop chaud pour m’énerver, mais je réserve le sujet.

De mon impatience grandissante à l’idée de rejoindre le rocher breton, de ce moment fugace où l’on apercevra la mer, sur la route de Saint Brieuc ? Vu, revu et re-revu.

L’odeur de cigarette en provenance du voisinage qui me vrille les narines, que ça me file une terrible envie de distribuer des claques à l’infâme coupable de cette attaque chimique so 1990 ? La violence, c’est l’arme des faibles. Moi, je pratique la noblesse du repli stratégique.

Le bilan de l’année de la Petite Chronique du Vendredi et de ces 36 newsletters - soit une moyenne de 3 par mois - que vous avez eu la gentillesse de laisser entrer dans votre boîte mail ? Bof… Le reporting, c’est l’art de meubler l’inutile.

Bon, je l’avoue : l’inspiration est partie en vacances avant moi.

Dans ces conditions, mieux vaut se dire au revoir sans flonflons ni trémolos : les grands discours, c’est bien quand on a quelque chose à dire. Je déclare donc tout simplement ouverte, la saison des apéros trop longs, des valises trop pleines et des « on verra ça à la rentrée » !

Mais avant de faire semblant de disparaître dans une paix intérieure sponsorisée par Instagram, laissez-moi distribuer quelques pensées à tous ceux qui croient encore que les vacances sont synonymes de repos :

  • une pensée pour ces parents qui, désespérant de terminer leur spritz tranquillement, devront se relever encore et encore et encore pour un verre d’eau, un bisou ou une question métaphysique fulgurante,  

  • une pensée pour ces grands-parents qui s’apprêtent à recevoir la progéniture de leur progéniture, surexcités à l’idée de faire péter les barrières parentales à coup de « la maison de Papi-Mamie ; les règles – inexistantes – de Papi-Mamie »,

  • une pensée pour nos chérubins qui après une année studieuse riche en petites victoires et grands questionnements, ont enfin droit à une longue pause bien méritée,

  • une pensée pour ces amies qu’on espère croiser quelque part entre juillet et août, même pour quelques minutes, pour marcher ou partager un apéro rapido-dingo,

  • une pensée pour toutes les Eve qui partiront en vacances et continueront à anticiper les repas, préparer les goûters, gérer les lessives et supporter les réflexions des âmes supérieures,

  • une pensée pour ces entrepreneurs qui couperont sans vraiment couper, qui planqueront leur smartphone sous une casserole entre deux mails et un plat de linguines aux coques,

  • une pensée pour tous les sportifs qui se lèveront avec le soleil pour papouiller leurs vélos, leurs baskets, leurs bâtons de rando, leurs planches de surf, leur paddle ou plus modestement, leurs cannes à  pêche,

  • une pensée pour ceux qui, à leur corps défendant, serviront de festin à toutes sortes de nuisibles volants malintentionnés,

  • enfin, une pensée aussi pour ceux pour qui l’été ne rime pas avec farniente – les soignants, les saisonniers, les aidants, les oubliés des congés payés.

La Petite Chronique du Vendredi revient en septembre.

D’ici là, feignez de cultiver l’oisiveté comme un art noble et subversif — vous l’avez bien mérité !

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Eve, le retour